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Les effets d’un barrage : quand l’invisible devient visible

Qu’est-ce qu’un barrage ? Une retenue d’eau douce, l’arrêt d’une rivière qui s’écoulerait normalement en continu dans l’océan. Les extraits minéraux et produits chimiques charriés par l’eau, au cours de son trajet dans le lit de la rivière, sont arrêtés par le barrage et s’accumulent dans les sédiments, sables et vases entassés derrière l’édifice, au lieu de se répandre naturellement dans l’eau de mer. Le lien terre-mer est brisé. L’équilibre planctonique de l’estuaire est rompu, l’insuffisance de nutriments créant un déficit de la diversité des espèces à la base de la chaîne alimentaire du milieu.



Le phytoplancton a besoin de ce mélange d’eau de mer et d’eau douce qui, par l’érosion des roches et l’apport des bassins versants, lui fournit les éléments nutritifs nécessaires à son développement. La présence d’un barrage rompt cet équilibre, créant une carence permanente et des excès ponctuels. C’est le cas, lorsque, périodiquement, les vannes sont ouvertes pour libérer l’eau qui monte jusqu’au trop plein. Tout à coup, avec l’effet d’une chasse d’eau, est larguée dans l’estuaire une énorme quantité de nutriments qui auraient dû être rejetés au fur et à mesure et digérés tout doucement par le milieu pendant les douze mois de l’année. Cette « pollution » massive provoque un bloom : une espèce de phytoplancton se régale de cette soudaine abondance de sels minéraux et prolifère à outrance, déclenchant un phénomène d’eutrophisation au large du barrage. On parle souvent de l’eutrophisation dans un lac, dans un milieu fermé, mais pas de l’eutrophisation de l’océan car c’est tellement grand que l’on pense cela impossible. Pourtant ce scénario existe…


L’exemple du barrage d’Arzal



L’histoire commence par une baisse subite de la pêche au large de Belle-Ile. Les poissons ne sont plus au rendez-vous, pourquoi ? Les pêcheurs ne comprennent pas, mais remarquent que l’eau est devenue marron et s’interrogent. Des prélèvements sont effectués et mis en relation avec l’ouverture du barrage d’Arzal trois semaines auparavant. Quel rapport peut-il y avoir entre un barrage et une pénurie de poisson ?

Le largage des eaux retenues par le barrage, saturées en sels minéraux, provoque une forte pollution chimique qui entraîne un début d’eutrophisation : une algue microscopique, par exemple, Cerataulina pelagica, se développe à l’excès, aux dépens des autres espèces, donnant à l’eau une couleur brune qui se répand en panache d’Arzal à Belle-Ile et même jusqu’aux Glénan. Puis, sa surabondance occultant la lumière, ce phytoplancton finit par mourir et tomber en neige épaisse à 20 ou 50 mètres de profondeur. Au fond de l’océan, les bactéries consomment ce dépôt de Cerataulina pelagica et prolifèrent en utilisant l’oxygène du milieu qui étouffe. Ne pouvant plus respirer, les poissons s’enfuient et les animaux benthiques sédentaires meurent. Cette pénurie de la ressource dénoncée par les pêcheurs est le côté visible du phénomène.

Un barrage est une pollution physique qui entraîne une pollution chimique. L’effet mécanique de « chasse d’eau » organisée par l’homme lorsqu’il ouvre les vannes est artificiel et ne prend pas en compte le calendrier des saisons. Or, une rivière fonctionne avec les saisons. Les crues et les périodes de sécheresse sont des événements naturels saisonniers qui permettent la circulation des sédiments et assurent l’acheminement des nutriments jusqu’à leurs consommateurs à un rythme adapté. Avec la construction d’un barrage, l’intervention de l’homme dérègle lécosystème installé depuis des millions d’années. C’est ainsi que des baies ou des estuaires voient les espèces qui y vivent se modifier. Avant le barrage, il existait un écosystème équilibré composé de phytoplancton, de zooplancton, de poissons fourrage et de prédateurs un peu plus grands. Soudain, les prédateurs les plus grands quittent la zone… car le poisson fourrage a disparu… parce que le zooplancton a diminué… suite à l’appauvrissement du phytoplancton… à cause des bouleversements qualitatifs et quantitatifs des apports nutritionnels. C’est une chaîne, et le déséquilibre biologique provoqué peut engendrer des catastrophes écologiques en chaîne, avec des conséquences désastreuses sur les activités économiques (pêche, aquaculture…).

Il en est de même pour certaines initiatives comme la fertilisation artificielle. On peut imaginer que, comme sur les terres agricoles, plus on mettra d’engrais, plus on aura de plancton et plus la chaîne alimentaire sera productive. C’est sur ce principe que se mettent en place certains programmes de fertilisation dans des zones océaniques de la planète pauvres en phytoplancton. Certains ont cru qu’en fournissant artificiellement du fer et des minéraux dans ces milieux, le plancton serait plus abondant. Or, on l’a vu, un apport excessif de nutriments déclenche le phénomène d’eutrophisation. La quantité de nourriture n’est pas tout, sa qualité est primordiale, en particulier pour certaines espèces de phytoplancton. Par exemple, pour leur survie, les diatomées ont besoin d’un équilibre d’une finesse que l’homme commence à peine à percevoir.
Marais salants, mangroves : des réussites écologiques

Les marais salants, les marais littoraux, les mangroves, tous les endroits où l’eau douce et l’eau de mer se rencontrent sont des milieux extraordinaires pour le bon développement du phytoplancton. Ces zones humides, lorsqu’elles sont bien entretenues par l’homme, apportent, en quantité et en qualité, des sels minéraux qui favorisent l’équilibre du phytoplancton, puis de la chaîne alimentaire. Leur bonne santé permet une présence permanente de la ressource.


Les marais littoraux sont des micro-barrages entretenus pour la production du sel par évaporation. Le paludier piège l’eau, récolte son sel, puis redonne à la Nature ce qu’il lui a pris. Là, l’homme a su allier nature et activité humaine sans perturber l’écosystème. Depuis plus de 2000 ans, des femmes et des hommes ont créé ces barrages à échelle humaine. Faits de terre et d’argile, ces réservoirs reconstituent des écosystèmes équilibrés qui deviennent de vrais garde-manger pour l’océan. Sans le vouloir, cherchant à en tirer leur subsistance, les paludiers ont fabriqué les conditions idéales pour sauvegarder le phytoplancton… Quand des marais salants fonctionnent bien, on y trouve tous les planctons végétaux et animaux de l’océan. Un écosystème s’installe, qui est en fait une reproduction de tout ce qui se passe en mer, une reconstitution « en laboratoire » d’écosystèmes un peu complexes que les paludiers ont su reproduire à ciel ouvert !

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