Coquilles menacées
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Le phytoplancton représente moins de 1 % des organismes capables de photosynthèse, mais permet à lui seul plus de la moitié de la fixation du carbone de l’atmosphère terrestre. On pourrait donc compter sur le phytoplancton pour faire disparaître nos excès de gaz carbonique ? Une fois de plus, la réponse est dans la mesure. La dissolution du CO2 de l’air dans l’océan provoque une acidification de l’eau. C’est un phénomène chimique : la présence de CO2 dans la mer entraîne la formation d’acide carbonique qui acidifie le milieu. Or l’acide rend plus difficile la fabrication de calcaire par les organismes marins et, à un certain niveau de concentration de CO2, la coquille peut même se dissoudre. Ainsi, les coccolithes sont parmi les premières espèces fragilisées par la présence excessive d’acide, à cause de leur squelette externe calcaire ; plus que les diatomées, par exemple, dont la frustule en silice est moins sensible à l’acidité. L’acidification des océans a des effets néfastes sur le plancton, mais également sur tous les animaux à coquille calcaire : coquillages, gastéropodes, crustacés… et même les coraux.
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Aujourd’hui, la menace est sérieuse. Au rythme actuel des rejets de CO2, cette acidification pourrait atteindre des valeurs de PH (Potentiel Hydrogène : mesure de l’acidité) telles que l’eau deviendrait corrosive, ce qui supprimerait pour les microorganismes toute possibilité d’y vivre. Ainsi, les coccolithes, comme de nombreux phytoplanctons, pourraient disparaître… Et dans leur sillage, les moules, huîtres et autres coquillages ! Un déclin de ces espèces aurait des conséquences graves sur la biodiversité des écosystèmes côtiers et sur leur rôle pour les populations humaines littorales. Dans certaines zones géographiques, les conséquences socio-économiques risqueraient d’être très importantes. |
L’inquiétude est la plus forte pour les mers les plus froides qui sont celles qui absorbent le plus de CO2. Selon des chercheurs étudiant ce phénomène, à l’horizon 2017, les eaux de l’Arctique pourraient devenir corrosives. Cela est d’autant plus préoccupant que l’on constate que l’augmentation du CO2 est nettement supérieure aux prévisions les plus pessimistes… |
L’équilibre, toujours l’équilibre…
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Les coccolithes, en participant à l’exportation du carbone vers l’océan profond et en consommant beaucoup de CO2, ont un rôle à jouer dans la régulation climatique. Mais, il ne faut pas imaginer qu’elles pourraient sauver la planète ! Leur présence est importante et ce serait une catastrophe si elles disparaissaient, mais ce serait aussi dramatique si elles envahissaient le milieu marin. On doit veiller à ce qu’elles gardent leur place dans l’équilibre biologique des écosystèmes, car il ne faut jamais oublier l’indispensable présence de toute la diversité phytoplanctonique (diatomées, coccolithes, chrisophycées, chlorophycées …) pour la bonne santé des océans et des animaux qui l’habitent et qui représentent une ressource importante pour l’alimentation humaine. |