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Phytoplancton>Les coccolithes
Point trop n’en faut !

 



                Poussée de coccolithes en Manche

 

La particularité des coccolithes est de se développer très abondamment et proportionnellement à la quantité de CO2 dissous dans la couche superficielle des océans. Plus le carbone est présent dans l’air, et donc dans l’eau (suite aux échanges gazeux), plus les coccolithes se multiplient. Elles se répandent en immenses traînées blanches visibles sur la mer, puis provoquent d’impressionnantes «neiges océaniques» en s’enfonçant dans les profondeurs de l’océan. Lors de ces «poussées» de coccolithes, l’eau prend un aspect laiteux sur de larges zones pouvant s’étaler par exemple du nord de l’Angleterre jusqu’en Bretagne sud.

 


On pourrait se féliciter de ce « nettoyage » spectaculaire et remercier les coccolithes de nous débarrasser ainsi de ce CO2 gênant, mais, puisqu’il n’existe pas de solution miracle, il faut savoir que ce phytoplancton « envahissant » prolifère au détriment des autres espèces. Or, on le sait, dès que l’on s’éloigne de l’équilibre, il y a danger !

Les coccolithes sont pélagiques et vivent essentiellement à la surface des océans où elles servent d’alimentation à certaines variétés de zooplancton, mais pas à toutes, leur taille (jusqu’à 50 microns) étant trop importante pour une partie du plancton animal. Or, les poussées de coccolithes sont très denses, au point d’étouffer les autres microalgues, comme les diatomées (environ 10 microns), les chrysophycées ou les chlorophycées (2 à 3 microns), privant ainsi de nourriture la majeure partie du zooplancton qui « broute » en abondance ces petites algues-fourrage.

Les copépodes (zooplancton), par exemple, ont une trop petite bouche pour consommer des coccolithes. Lorsque celles-ci occupent le terrain à la place des diatomées, la quantité de copépodes diminue, provoquant un « manque à manger » pour les larves de morue qui s’en nourrissent. Une invasion de coccolithes dure plusieurs semaines et s’étale sur de larges zones visibles sur les photos satellite. Ainsi, dans l’Atlantique nord, suite aux blooms de coccolithes (dus à une augmentation du CO2 dans l’eau), les copépodes ont peu à peu disparu, ne trouvant plus de microalgues adaptées à leur bouche. Or, sans copépodes, les larves de morue ne peuvent survivre. Elles s’éloignent alors vers des milieux plus riches en nourriture, ce qui peut provoquer la migration des bancs de poissons et donc le déplacement des zones de pêches.

En résumé, les coccolithes ont leur rôle à jouer, mais dans la limite de l’équilibre. Leur prolifération excessive réduit la diversité du plancton végétal, base de la chaine alimentaire, et menace la diversité animale (coquillages, crustacés, poissons…) ainsi que tout le réseau trophique qui s’étend jusqu’aux grands mammifères marins. Sans phytoplancton varié, pas de baleines !

La pluie et le beau temps…

Suite à l’absorption de gaz carbonique, les coccolithes, comme certaines autres microalgues marines, produisent des composés soufrés (DMS : diméthylsulfure), gaz qui accélèrent l’évaporation de l’eau et, par suite, favorisent la formation des nuages. Les nuages sont un bienfait lorsqu’ils apportent la pluie. De plus, ils font écran au rayonnement solaire et permettent de freiner l’augmentation de la température terrestre, compensant dans une large mesure l’effet des gaz à effet de serre. Cependant, lors de l’augmentation du CO2 dans l’eau, les fortes poussées de coccolithes, provoquant une diffusion abondante de souffre dans l’air, pourraient contribuer à l’apparition des tempêtes tropicales et des cyclones. Les coccolithes feraient donc le mauvais temps !


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