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Phytoplancton>Les effets d’un barrage : quand l’invisible devient visible> Un exemple concret : les Marais salants de Guérande.

Un exemple concret : les Marais salants de Guérande

d’après le film « La mer féconde » de Geneviève Delbos et Pierre Mollo

« Les premiers bassins de stockage qu’on appelle la vasière, sont un peu le château d’eau du paludier, sa réserve d’eau pour tirer du sel. Là on va trouve tous les planctons du monde : phytoplancton, zooplancton, c’est le bonheur des yeux…

Puis au fur et à mesure que l’on passe d’un bassin à un autre, la salinité augmente. Il faut savoir que la vasière contient 35 pour 1000 de salinité, la même que l’océan. Au fur et à mesure que l’eau chemine d’un bassin à un autre, elle augmente sa salinité, c’est-à-dire qu’elle passe de 35 pour 1000 à 60 pour 100, 80, 100, 200, 280, puis elle cristallise. A un moment donné, l’eau est tellement saturée en sel qu’elle reste toujours eau, mais que le sel y apparaît : c’est la magie du cristallisoir.

En suivant l’eau, on voit dans le premier bassin toute la diversité du plancton : diatomées chlorophicées, dinoflagellées, tout le panel des phyto et zooplanctons qui vivent en mer, mais en quantité multipliée par 10 ou 100 car le milieu est fermé, plus chaud et protégé des prédateurs, donc le plancton peut s’y développer massivement. Puis, au fur et à mesure que l’on passe dans les autres bassins, des espèces sont éliminées : celles qui peuvent vivre à 35 pour 1000 de salinité mais pas à 60. Certaines survivent quand même mais ne supportent pas les 80 pour 1000 du bassin suivant… Quand on arrive à une salinité de 280 pour 1000, on pourrait penser qu’aucune vie n’est possible : 280 grammes de sel par litre d’eau ! Et bien non, la magie a fait qu’y survivent 3 espèces qui sont à l’origine de la vie sur terre : Dunalella, Fabrea et Artemia. Dunanella est une algue microscopique, phytoplancton, Fabrea est un zooplancton unicellulaire, un animal apparu bien avant les crustacés et Artemia est un zooplancton très élaboré puisqu’il sert directement de nourriture aux poissons. Et si on fouille bien ça et là dans les marais salants, dans les œillets un peu à l’abandon, si on regarde bien, on y trouve les cyanobactéries, et si on regarde encore de plus près, alors là fantastique ! on découvre les bactéries anaérobies, qui vivaient il y a 5 milliards d’années… On trouve tout ! Les marais salants, c’est le plus bel observatoire depuis la nuit des temps.

Combler un marais, comme ceux de Guérande qui ont été menacés de disparaître, serait une catastrophe pour les ostréiculteurs, les pêcheurs, car derrière le marais salant, il y a des dizaines d’hommes et de femmes qui vivent de la production conchylicole. Le marais salant est un véritable garde-manger pour les poissons, les coquillages, et les crustacés. »

 

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