Marais salants et plancton : tout un équilibre
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Même dans les milieux à salinité extrême comme les œillets des marais salants, la vie existe, peu diversifiée, mais comprenant les trois planctons fondamentaux qui constituent le socle de la vie marine : phytoplancton (Dunaliella salina), zooplancton (Artemia salina) et protozoaire (Fabrea salina). Chacun a son rôle à jouer dans la chaîne alimentaire et l’équilibre du milieu environnant. Par son abondance dans ces eaux sursalées, Dunaliella salina constitue, avec les diatomées présentes dans les parties plus douces, l’un des principaux éléments de la production primaire des marais salants. Ce phytoplancton est un aliment de choix pour les larves du zooplancton marin et tout particulièrement pour celles de l’Artemia salina, zooplancton temporaire de crustacé qui se développe considérablement dans les salines du fait de l’absence de prédateurs capables de résister aux fortes salures du milieu. Artemia salina sert elle-même de nourriture aux alevins de poissons et aux larves de crustacés. En automne, au moment où les paludiers remplissent la saline des eaux marines, les juvéniles de poissons pénètrent dans les marais et trouvent, avec l’Artemia salina, une alimentation adaptée à leur taille. |
Le protozoaire (zooplancton unicellulaire, première forme de vie animale) Fabrea salina est le troisième acteur indispensable au développement de la vie dans les marais salants. Il joue le rôle important d’épuration de ces eaux sursalées. La grande teneur en sel de certaines parties de la saline fait mourir de nombreuses espèces animales et végétales. Le zooplancton Fabrea filtre ces grandes quantités de matières organiques et maintient la qualité de l’eau pour Dunaliella et Artemia. |
Dans ce milieu extrême à forte salinité que sont les marais, la vie est quand même possible pour ces trois espèces qui survivent en interaction. Un écosystème équilibré s’installe ainsi pendant toute la période de récolte du sel. Puis, après le travail de l’homme, lorsque les carreaux sont rendus à la mer, la vie redémarre et un vrai vivier s’y développe : le phytoplancton se diversifie et attire zooplancton et autres organismes marins qui viennent puiser dans ce garde-manger. Puis, toute cette « nourriture » se répand dans l’océan au gré des courants, alimentant plancton animal et larves de coquillages, qui nourrissent à leur tour poissons et crustacés de pleine mer ou des parcs de culture. D’année en année, de génération en génération, le paludier entretient un réseau hydraulique fragile et complexe qui favorise la croissance et la diversité du plancton. En offrant cette richesse biologique à la mer, les marais salants jouent le rôle de nurserie naturelle dont profitent les élevages du littoral. Ainsi, par son activité, le paludier apporte sa contribution à la pérennité des métiers de la mer.
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